La suite...

Malou, étudiait Rick dans le miroir et formait avec ses doigts les mèches de sa chevelure épaisse, noire comme le jais. Curieux cette couleur pour un gars cent pour cent du Nord avec des yeux bleus qui lui donnaient cet air un peu étonné que les filles semblaient apprécier.

Assis dans son fauteuil Rick se laissait faire, et matait dans le reflet du miroir, cette belle fausse blonde, qui commençait à accuser les heures de vol sans que cela se remarque trop. Bien dans sa peau, Malou restait un beau sujet de conversation. Presqu'à l'angle de la rue des Alexiens et de la rue Haute, à deux pas du Forestier à Bruxelles, son salon de coiffure masculine, mais pas que … en témoignent la petite table et les deux chaises de jardin peintes en rose devant sa vitrine, faisant le pendant à un énorme bouquet d'hibiscus rouges factices laissant à penser que la coiffure n'en était pas l'unique activité.



Rick Vansanten avait décidé qu'il était temps pour lui de changer d'aspect. Ses derniers démêlés avec le commissaire Tardu, Alphonse pour les intimes, l'avaient convaincu de cette nécessité, d'autant plus impérieuse que son type ne passait pas inaperçu, et que sa photo traînait un peu partout dans les nombreux poulaillers du territoire.
Il avait pourtant déjà rasé sa moustache et raccourci les pattes devant les oreilles, mais cela n'avait pas suffi à le rendre méconnaissable.

C'est alors qu'il pensa à Malou.
Elle était non seulement coiffeuse de métier, mais également visagiste … ça c'était important.
En fin de compte Malou proposa à Rick, une coiffure dans le style brosse américaine des années cinquante, laquelle lui dégagerait le front à la James Dean, en plus vieux, et une teinture tirant sur le blond, plus en accord avec son regard.

Elle était en train de coiffer les dernières mèches, blondes maintenant, lorsque Louloute, la petite chienne, se mit à japper pour accueillir un visiteur qu'elle semblait connaitre de longue date.

- Salut Malou, je voulais te parler de Vans.. , je veux dire Rick, mais je vois que tu es occupée, je repasse dans une heure.
- Pas de problème Fons, c'est quand tu veux, répondit-elle avec un grand sourire.

Le grand mec avec ses Ray-Ban sur le nez tourna les talons, et s'éloigna avec un petit signe amical de la main.

Rick, s'était un peu tassé dans son fauteuil, et pensait en son for intérieur que son nouveau look avait bien passé la première épreuve, Alphonse Tardu en charge du commissariat central ne l'avait pas reconnu.

Le TGV glissait vers Paris. Rick semblait s'intéresser au paysage qui défilait à toute vitesse, mais en fait son esprit carburait tout aussi rapidement. Rick avait un talent indéniable : il était doté d'une mémoire prodigieuse qui classait tout mieux qu'un ordinateur : noms, adresses, téléphones, relations entre les noms, il retenait tout !

Il n'avait ni ordinateur, ni téléphone portable, il était indétectable, parallèlement il était capable d'élaborer les stratégies les plus folles sur la seule base de ce fantastique répertoire et des connections que lui seul connaissait.

Les liens se construisaient au fur et à mesure, de plus en plus clairs. Paris en premier où il pourrait se refaire sur le plan financier grâce à quelques redevables comme Léon, le grand Charles, José Agneli anciens camarades des Baumettes, puis cap sur le Sud-Ouest d'où quelques opportunités non négligeables lui étaient remontées aux oreilles.
 
- Billet s'il vous plait et pièce d'identité !

Le contrôleur vérifia le ticket ainsi que la carte d'identité belge au nom de Eric Flamant et poursuivit sa tâche en le remerciant.

Rick se replongea dans ses pensées, s'efforçant d'en imaginer … la suite