Radar Cotal. Douvres la Délivrande.

L'équipement électronique de ce labo -  un LIE-16 fabriqué aux USA et cédé au titre du plan Marshall – était moderne pour l'époque. On n'imaginait pas alors ce que serait un transistor et les vingt-quatre amplificateurs comptaient environ 120 lampes amplificatrices dont les broches étaient une source permanente de mauvais contacts, sans compter ceux provenant des multiples contacteurs, connecteurs, etc. J'appris à donner la "tape technique" qui parfois répare provisoirement un contact défaillant et permet de repousser le dépannage jusqu'au soir.
La pièce maîtresse du labo était la" caméra" (sous ma main droite sur la photo). Elle comportait vingt-quatre galvanomètres à miroir excités par les amplificateurs renvoyant chacun un spot de lumière sur un papier photo se déroulant à vitesse constante.
Une "roue phonique" pilotée par un diapason projetait des rais de lumière toutes 10 millisecondes sur le papier, fournissant ainsi un marquage-temps précis.
L'enregistrement effectué, le papier impressionné devait être développé dans des bains photo conventionnels: un bac pour le révélateur, un lavage intermédiaire, un bac de fixage, un bac de rincage final. Le tout, bien sûr, en lumière rouge, toutes ouvertures fermées.
Ce matériel demandait pas mal d'entretien:  Les "sismos" ou géophones qu'il fallait périodiquement contrôler et souvent ouvrir pour recentrer la bobine dans l'entrefer de son aimant, les "flûtes" fabriquées en fil téléphonique des surplus militaires chattertoné qui ne résistaient pas longtemps aux manipulations et beaucoup de connecteurs à décrasser, protéger voire remplacer.
En fait, le matériel dont nous disposions avait été développé aux USA dans les années 40 et constituait la première génération de labos à caractère industriel. Certes, depuis 1930 il existait des enregistreurs sismiques de terrain mais ces matériels étaient obsolètes et peu adaptés à la prospection intensive.
Si nos matériels paraissent primitifs, nos méthodes étaient elles-aussi  perfectibles.
Nous avions d'ailleurs un mentor texan pour nous assister, un dénommé Sibley, qui n'était pourtant pas une lumière.