Situons nous
1964, je rentre du service militaire, mordu par l'image photographique, j'ai réussi à être incorporé à l'École Militaire de l'armée à Strasbourg.
Pour un alsacien quel bonheur.
Sorti Major de ma promotion des opérateurs projectionnistes, je n'ai qu'une envie, me faire embaucher dans le monde de la photo, surtout dans le matériel photo.
A l'époque, quelques Seigneurs de la Vente photographique sont au hit parade, Photo Hall, photo plaît, Grenier Natkin, Deveau et Chauvet, la FNAC, Pygmalion, le BHV et la Samaritaine...
Je rentre au BHV, c'est comme entrer dans les ateliers du Père Noël pour un gamin. Il y a TOUT, prise de vues, labo, projection, cinéma, montage tous les accessoires de toutes marques. Je nage dans ce qui a toujours été pour moi inaccessible, Serge Lama à Pigalle !
L'embauche a été très dure, tous les cadres et techniciens sont venus tenter de me coller sur la technique photo, ils n'étaient pas tendres.
Mais baigné de technique avec cette passion qui me tenaillait, j'étais incollable.
Le parc des appareils ? Le must un Leica ! Six mois de salaire
Les Japonais, pas encore, ou confidentiellement et du prix des Leica
L'EDIXA, le moins cher des reflexes, quasi universel par sa monture 42 à vis était tentant, mais un viseur clair comme dans le fondement d'une taupe
Restait l'Exakta qui dans sa dernière version sortait de l'ombre:
Objet de rêve, je pouvais enfin le prendre en main, viser avec tous les objectifs de la gamme, les accessoires, apprendre le mode d'emploi par cœur, bref un coup de foudre.
C'était un produit "OUVERT" une baïonnette, plus facile que la vis, pas de protection de la marque, une gamme inépuisable d'optiques.
Voici le mien avec le
fantastique Tessar 2,8/50
Sachez que ce qui vous parait d'une totale évidence était inconnu à l'époque. Pas de retour rapide du miroir de visée, pas de cellule TTL etc...
Un viseur totalement amovible, une visée à capuchon, à hauteur de poitrine ou à hauteur d'œil avec sa loupe (comme le Rollei)
Un obturateur exceptionnel du 1/1000° de sec à 12 secondes plus retardateur, entièrement mécanique, une vraie horloge! Un réel contrôle d'avancement du film (rotation de la réceptrice)
Un armement curieusement placé à gauche.
Un transport de film classique, mais avec des subtilités.
Dans les photos clubs, on achetait les films en bobines de 50 mètres et on développait soi-même les diapos ou noir et blancs.
On pouvait passer de bobine à bobine et changer de film en cours de bobine
Ou plus traditionnel
Il était possible de couper le film au raz de la bobine cartouche réceptrice
Un viseur à pentaprisme amovible
La gamme d'optiques était fabuleuse, et dans le tout dessus du panier, une marque qui tutoyait les plus grands,
j'ai nommé ANGENIEUX, le génial inventaire du rétrofocus (une optique grand angle plus longue en tirage que sa focale, donc montable sur un réflex)
Voici le 2,5/90 mm Angénieux, un tueur pour les portraits
La bague des diaphragmes était placée sur le dessus et rendait immédiatement identifiable un ANGENIEUX. Quelle frime
Le rétrofocus de 2,8/28 mm. Remarquez le déclencheur placé en frontal, la présélection du diaphragme est réglable en fonction du type de prise de vues.
Instantané pour la photo sportive et différée pour les clichés sur pied ou en microphotographie pour attendre la fin des vibrations induites du miroir
Cet appareil trônait dans tous les labos pour ses capacités en Macroo
Soufflet ou bagues allonges
Macrophotographie extrême
Le tout premier Zoom vendu en France a été pour moi
En fonction du type de prise de vue spécialisée, un verre de visée spécialisé est disponible: Clair pour l'astrophotographie, quadrillé pour l'architecture, centre clair pour la microphotographie, dépoli intégral pour la reproduction, millimétré pour les collectionneurs ou numismates, télémètre DODIN, verres organiques ou verres minéraux, microprismes centraux ou en couronne, Stygmomètre etc... Pour tous les goûts.
Ils ont aussi sorti deux petits frères, plus simples, plus limités mais monture d'optique identique, mêmes accessoires:
Pour finir sur cet appareil qui vous l'avez compris a été une grande amour a aussi été à l'origine d'un grand amour. Je l'ai utilisé pour photographier une jeune personne qui travaillait pas très loin,
développement dans ma chambre noire la nuit et présenté les images le lendemain...
Nous sommes mariés depuis 44 ans
Mer 16 Déc 2009 - 18:00
Tu pouvais facilement faire du décentrement/bascule ?
...mais j'adore toujours lire ces histoires empreintes d'une évidente passion...
: 
Sam !
Un puits de technique et de science !
Toi, en toute sincérité, et, sans quelcoque démagogie à des fins personnels, sur un fofo comme celui-ci je mettrais "la leçon du jour", en plus tu macbidouilles, ça me va :
