UN NOM A LA CON
Non, je ne tombe pas dans la vulgarité, je n’aime pas, mais bien dans une réflexion sur les noms des appareils.
L’antériorité reste à ZEISS qui a choisi IKON comme terminologie nominale.
Tout fabricant un peu ambitieux a voulu avoir une résonance subconsciente dans ses produits, si phonétiquement le « KON » apparaît, ce n’est pas l’effet du hasard.
Une marque japonaise a eu l’idée de nommer les appareils photos de la contraction « TOP », le dessus du panier et de « CON » en hommage (dirons nous) à la prestigieuse marque allemande.
TOPCON était née, certains prétendaient que c’était les vœux du PDG qui désirait posséder le meilleur appareil du monde, le sien !
Qu’importe TOPCON a été un produit hors du commun, il avait des aficionados, des mordus prêts à en découdre avec tout détracteur.
Cela ma rappelle un peu les matches entre Windows et Mac.
Cette marque que j’ai eu l’honneur de défendre pendant les douze années ou j’ai été l’assistant technique de direction
de l’importateur français, avait des atouts sérieux pour l’époque.
Il faut toujours se placer dans le contexte et comparer ce qui existait, et non ce dont nous disposons aujourd’hui. Traçons le tableau, la fin des années soixante, les appareils japonais percent le bouclier des appareils allemands sur plusieurs fronts : Les réflexes disposent des miroirs éclair, des obturateurs à rideau, certains en translation verticale autorisant l’emploi du flash au 1/125 de seconde.
Mais tous avaient une cellule photo sensible latérale, la mesure de lumière était améliorable, mais c’est TOPCON qui a eu l’idée de placer un réseau CDS sur le miroir. Génial, d’un seul coup tout ce qui modifiait la réponse lumineuse, l’ouverture de l’objectif, son tirage, l’emplois du soufflet ou bague allonges, objectifs exotiques etc… était pris en compte à l’endroit le plus stratégique, BTL (behind the lens) TTL (though the lens) ou en français derrière l’optique.
Le réseau composant la cellule est asymétrique, il favorise le sol pour ne pas se faire piéger par le ciel.
Voici à quoi ressemble une cellule CDS (Sulfure de Cadmium), modèle présent dans les prismes fixes.
Et voici le réseau CDS imprimé sur le miroir, asymétrique et sans mémoire.
Une autre idée fameuse a été d’emprunter la baïonnette la plus utilisée dans les laboratoires scientifiques,
un équipement acquis et très onéreux,
baïonnette calquée sur celle de l’EXAKTA dont j’ai déjà vanté les mérites, mais avec une pré-sélection interne intégrale.
Visée à pleine ouverture, miroir éclair.
Cela a ouvert le TOPCON au monde très fermé des laboratoires et staffs scientifiques dont les désidératas étaient clairs : Fiabilité, modularité, performances.
Présent répondit TOPCON, une gamme optique impressionnante, 300 mm f :2,8 pour les animaliers, 20 mm pour les accros du super grand angle plus toute la gamme Schneider, Angénieux, Rodenstock, etc… Des plus simples aux plus onéreux et au plus spécialisés.
Voici un 25 mm, voyez le minuscule filtre placé à l'arrière
Une trousse complète pas chère en regard de la taille de la frontale !
Un excellent 20 mm rétrofocus, TOPCON est une boite d'optique !
Les magasins de 250 vues, des radio commandes et une fiabilité de char d’assaut russe.
Les diaphragmes montés sur roulements à billes à sec pour les explorateurs au grands froids, une gamme de verres de visées couvrant la microphotographie, la macrophotographie, l’astrophotographie, la chasse animalière, la prise de vues en salle de spectacle et j’en passe…
Toute une gamme de verre clair, millimétré, stygmométrique, microprismes, dépoli clair central, quadrillé, double couronne microprisme et dépoli, etc...
Placé au dessus de la cellule, pas de correction à envisager.
Une gamme de viseurs, penta prisme, capuchon hauteur de poitrine ou au dessus de la foule, loupe 6,5 x ou 20 fois
Pour la macro, une optique symétrique au piqué étonnant
Optique livrée sans le fût mécanique car s'adaptant sur le soufflet avec mise au point à l'infini.
Le fut est également un jeu de bagues allonge sans solution de continuité, de l' ∞ au rapport 1/1
Le viseur loupe au très fort grossissement, avec un verre millimétré, un must en repro !
Le télé de 135 livré avec un parasoleil imperdable, très profond, pas en supplément hors de prix comme certaines marques...
Une électronique pour la cellule, mais tout entièrement mécanique, pas d’appareil bloqué par le froid ou une pile à bout de souffle.
La fenêtre de la lecture de la cellule couplée, visible à l'intérieur et à l'extérieur du viseur
sur un statif, c'est l'emplacement idéal
Pour cette même utilisation une visée à 90 ° est la plus adaptée
La griffe porte flash amovible et déportée, autorisant le changement de viseur, la flèche sur la fenêtre de vision du réglage de la cellule.
Un illuminateur de fenêtre de cellule pour prise de vue de spectacle (photographe dans la pénombre)
Avant la construction de l’usine marémotrice de la Rance, un laboratoire avait reproduit en modèle réduit la maquette de l’estuaire et analysait tous les mouvements des marées, une escouade de plus de 50 TOPCON avec magasins de 250 vues conservait les traces de tous les mouvements. Éprouvant de travailler jour et nuit !
Mécanisme hyper traditionnel mais ultra robuste la flèche montre le prisme qui permet de lire le diaphragme réel, lu directement sur l'optique.
Prise de moteur sous la semelle
Une dernière invention, avant que la marque se désengage de la photo a été l’auto winder, le premier moteur d’aide au réarmement automatique, cela semble anodin aujourd’hui, mais c’était la toute première fois, pour les appareils sur banc, statif ou en planque, c’était un immense progrès.
Le Auto Winder à un prix démocratique, aujourd'hui cela ne vient à l'idée de personne de réarmer son boitier (à part quelques fondus dans mon genre).
Le modèle
SUPER DM a été le modèle le plus abouti de la gamme.
Contrôleur de profondeur de champ, relevage du miroir pour poses très longues, déclencheur frontal limitant les effets de bouger au déclenchement. Retardateur. Prise flash.
Pour les mesures les plus difficiles, un invercône à correction d'effet cosinus pour les mesures en lumière incidente.
Bref, un nom qui en France ne lui a pas porté chance, beaucoup de ricanements faciles, mais néanmoins une renommée de qualité jamais mise en défaut.
La marque TOPCON reste très connue dans le monde des ophtalmologistes, ils fabriquent des appareils de mesures de haute précision.
Sur ce post j’ai encore été plus long que d’habitude, je vous en demande pardon, mais TOPCON le méritait et si vous me lisez encore, j’espère vous avoir un peu transmis de cette passion pour des appareils que l’amateur, à part une élite, n’ont jamais connu.