voila un article qui prouve que le 14 bits c'est du reel et non de l'extrapolation
Un sujet qui en vaut un autre : le format RAW
RAW signifie cru, brut, non raffiné en anglais. C'est un terme générique pour désigner les formats propriétaires des différents fabricants (NEF chez Nikon, CRW ou CR2 chez Canon, PEF chez Pentax... je connais pas les autres marques
).
Pour comprendre un peu son utilité, il faut connaître le fonctionnement de base d'un APN. Au commencement était le capteur, et le capteur était beau. Et il était aussi constitué de plein de photosites, aussi appelés (photo)diodes, qui sont les cellules enregistreuses de lumière de votre appareil.
Lorsque le capteur reçoit de la lumière, chaque photosite perçoit des informations sur l'intensité du rayonnement reçu ainsi que sur la couleur de la lumière qui l'a touché (c'est un poil plus compliqué que ça, que ceux qui veulent creuser questionnent leur ami Google sur 'Filtre de Bayer' par exemple). Le capteur n'est capable de voir que du vert, du bleu et du rouge, mais ce n'est pas grave car toutes les couleurs du spectre visible peuvent être décomposées en ces trois couleurs de base. En ne voyant que trois couleurs, votre appareil les voit donc toutes. En réalité, il les décompose en ses composantes (rouge, vert, bleu) et c'est ce qu'on appelle le format RVB (RGB en anglais). Cela implique que votre capteur transforme toutes les couleurs qu'il perçoit en 3 valeurs, une pour chaque canal RVB, et que cela suffit à les définir précisément. Chaque photosite est capable de percevoir des intensités de rouge, vert ou bleu très précises, qu'il enregistre sur 12 bits, ce qui signifie qu'il perçoit 2^12 (=4096) valeurs distinctes pour chaque canal. Certains appareils enregistrent même en 14, voire 16 bits, mais ce n'est pas le cas courant. Pour chaque pixel (point) de l'image finale, le capteur a donc enregistré trois valeurs RVB, chacune codée sur 12 bits.
Par exemple, pour un seul pixel, on va avoir R = 1000, V = 2000, B = 4000 pour une couleur tirant assez nettement sur le bleu.
Le format RAW est ce qu'on appelle du brut de capteur, c'est-à-dire qu'il ne s'agit pas d'une image visualisable, mais d'un ensemble de valeurs RVB pour chaque point de l'image, codées sur 3*12 bits pour chaque futur pixel. Et c'est tout (c'est pas tout à fait vrai mais le reste n'a pas d'importance pour le sujet présent).
Du coup, pour pouvoir tirer une image visible de ces données brutes, il faut un traitement, qu'on appelle développement, certainement par tradition photographique car il s'agit un peu du même processus que pour la pellicule argentique qui, bien qu'exposée, n'est interprétable qu'après passage dans divers bains de produits chimiques plus ou moins puants. Votre appareil photo est pourvu d'un processeur interne dont le boulot est précisément de décoder ces infos et d'en extraire une image visible qu'il enregistrera souvent dans un format directement lisible, à savoir le plus souvent en JPG (ou JPEG, c'est pareil). La grande différence est que le JPG est un format compressé, c'est-à-dire qu'un algorithme complexe a tenté de supprimer un maximum de données en perdant un minimum de qualité pour aboutir à des fichiers plus petits, moins lourds comme on dit. Les fichiers étant plus petits, ça permet d'en stocker beaucoup plus sur une seule carte mémoire, et en plus c'est du prêt à consommer puisque le développement est déjà fait. Le gros ennui est que pour gagner de la place, il a aussi simplifié les nuances de couleurs, et au lieu de coder chaque canal sur 12 bits, il ne code plus que sur 8 bits. On n'a donc plus 4096 nuances de couleurs pour chaque canal, mais 256. Violent comme réduction n'est-ce pas ? Malgré ce traitement de choc, l'image reste de très bonne qualité car chaque pixel a tout de même un peu plus de 16 millions de couleurs possibles (256 pour chaque canal, je vous laisse faire les maths), mais c'est bien moins précis que le RAW avec ses 68 milliards de couleurs (4096 sur trois canaux).
Le capteur a donc enregistré des informations très fines dont une grande partie est détruite par la conversion en format JPG. Là où la différence se fait, c'est au moment de la conversion en JPG. Lorsque vous shootez en mode RAW, l'appareil ne transforme pas les données du capteur en JPG mais les stocke telles quelles dans un fichier, le fichier RAW, dont l'extension varie selon les constructeurs. Vous avez court-circuité la conversion automatique du boîtier (qui corrige normalement la BDB, la saturation, la netteté... selon les paramètres prédéfinis que vous lui avez demandés, avec plus ou moins de succès).
Et c'est là que ça devient intéressant, surtout sur des images difficiles : au lieu de laisser faire le processeur embarqué de votre APN qui, bien que de plus en plus performant et sophistiqué, ne comprend absolument pas l'image et applique donc aveuglément des algorithmes préétablis. En développant vous-mêmes, vous gardez toutes les informations du capteur, ce qui vous permettra principalement de récupérer plus facilement des erreurs d'exposition (beaucoup plus de nuances pour chaque point -> plus de valeurs dans les hautes et basses lumières) et de BDB. Etant donné que vous développez vous-mêmes, vous décidez de corriger les tonalités de l'image avec énormément de finesse, ainsi que les petites erreurs d'exposition (faut pas rêver non plus, quand c'est complètement cramé/bouché, c'est irrécupérable).
Au vu de tout ceci, on est en droit de se demander pourquoi tout le monde ne shoote pas en RAW. Les raisons principales sont à mon avis celles-ci :
tout le monde n'en connaît pas l'intérêt
les fichiers sont beaucoup plus volumineux -> moins de photos sur une même carte
ça prend beaucoup de temps à développer car les retouches sont parfois sujettes à débat, et les fichiers RAW, très lourds, nécessitent un processeur solide lorsqu'on veut traiter des séries importantes des photos
les meilleurs logiciels de développement sont souvent payants (Lightroom, DxO, CaptureOne, Adobe Camera Raw...), même si chaque constructeur en fournit un avec le boîtier (Canon DPP, Nikon CaptureNX...) et qu'il existe des softs gratuits +/- efficaces pour ce type de boulot (Picasa notamment)
tout le monde n'a pas envie de passer du temps à post-traiter chaque image ; si c'est de la photo loisir, dans le cadre familial, peu de gens ressentent la nécessité de contrôler chaque petit paramètre de l'image et se contentent souvent d'ailleurs du mode 'tout automatique' de leur APN
...
Par contre, lorsqu'on veut vraiment tirer le maximum d'une PDV, qu'on est dans des conditions difficiles au moment de shooter, à cause de forts contrastes ou d'éclairages complexes en lumières multiples par exemple, alors le RAW s'impose comme la seule solution car la plus souple et la seule capable de restituer au final tous les détails d'une photo telle qu'on l'a voulue en la prenant.
Voilà voilà, les plus courageux seront arrivés jusqu'ici, et je les encourage à poster leurs remarques, précisions, corrections, insultes... que je tenterai d'intégrer à ce texte pour le rendre aussi complet et compréhensible que possible