Tiens, un souvenir : La Loire
(Musique : Serge KERVAL, Paroles : Jacques DURAND-DESJEUX)
La Loire est morte ce matin
Entre St Nazaire et Mindin
C'est un marin du bout du monde
Qui l'a poussée dans l'océan
Sans savoir pourquoi ni comment
La triste fin pour une blonde...
Elle était née, du moins dit-on,
Au pied du Mont Gerbier des Joncs
Et son enfance fut farouche.
Elle a couru sur les cailloux
Entre les moutons et les loups,
La fleur de gentiane à la bouche.
Puis elle a grandi sans façon,
Mais dans les bois, les scieurs de long
Savaient déjà qu'elle était belle.
Et chacun d'eux rêvait la nuit
D'aller la promener au Puy
Pour lui offrir de la dentelle !
Mais elle aimait mieux les rubans,
Les bleus, les rouges et les blancs,
Comme ceux que porte Marianne.
Et pour s'en pavoiser le cœur
Elle a suivi un colporteur,
Jusqu'aux fabriques de Roanne.
Mais c'est plus loin, près de Nevers,
Qu'elle a vu la feuille à l'envers
Avec ses yeux bleu de faïence.
Et c'est un bouvier Bourbonnais
Qui était son frère de lait
Qui a cueilli sa défaillance !
Ainsi le sort en fut jeté
En passant par la Charité,
Bon Dieu pourtant qu'elle était maigre !
Elle a séduit un gros marchand
Qui l'emmena en Orléans
Respirer la fleur de vinaigre.Sur le chemin de ses amours,
Orléans ne fut qu'un détourCar le bourgeois se la fit prendre
Par le roi qui venait à Blois
Le roi qu'on appelait François
François Premier la Salamandre !
Mais les amours s'ils son princiers,
Se déchirent dans les ronciers
En allant cueillir la framboise,
Et c'est avec les jardiniers,
Les vignerons, les tonneliers
Qu'elle a gouté au vin d'Amboise.
Puisqu'à Tours on est puritain
Qu'on n'aime pas que les catins
Viennent jeter leurs sortilèges,
A Saumur elle est allée voir
Des cavaliers vêtus de noir
Qui font tourner un grand manège.
Elle a tourné jusqu'en Anjou
Avec encore du rose aux joues,
La rose blanche à son corsage.
Mais elle a su à St Florent,
Quand elle a vu passer le temps,
Qu'un jour on la mettrait en cage !
A Nantes où sont les derniers ponts
Elle a voulu danser en rond
Ainsi que voulait sa nature.
Mais les hommes de ce pays
N'aimaient qu'une fille aux yeux gris
Qui leur promettait l'aventure.
Et pour la mettre à la raison
On a mis la Loire en prison
On l'a chargée de lourdes chaînes,
Ce furent ses derniers colliers.
Les négriers vont par milliers,
S'il n'y a plus de bois d'ébène
Et quand sa peine fut purgée,
Elle a suivi un étranger
Pourquoi, pourquoi quand on y songe
Pour gagner cette maladie
Qui brûle encor' à ce qu'on dit,
Aux quatre coins du port de Donges
La Loire est morte ce matin
Entre St Nazaire et Mindin
C'est un marin du bout du monde
Qui l'a poussée dans l'océan
Sans savoir pourquoi ni comment
La triste fin pour une blonde.
Bon tu l'as bien cherché, tes photos me filent la nostalgie. Belle image