Bonjour à tous,
J'ai eu beau tenter de me persuader du contraire, vainement essayé de me mentir, je suis bien obligé de me rendre à l'évidence et vous l'avouer : je souffre du
SACOA.
Cette maladie ne vous dit rien ? Elle est pourtant redoutable et touche en particulier les photographes. Non, elle n'a rien à voir avec la belle ville de SOCOA sur la Côte Basque, même s'il y a sans doute là-bas des photographes atteints aussi. Il est vrai que souffrir de SACOA à SOCOA, c'est assez truculent. Bref.
Le
SACOA, c'est...
Le
Syndrome d'
Achat
Compulsif d'
Objectifs
Anciens.
On l'attrape dès le premier contact avec sa première optique en M42, un Hélios 44-2 58mm f2 pour ma part, puis elle se développe, de manière insidieuse mais certaine. Une fois qu'on a goûté aux objectifs anciens, telle une drogue il vous en faut toujours d'autres, toujours plus.
Car ces optiques d'autrefois ont un sacré caractère, et leurs défauts d'alors sont leurs qualités d'aujourd'hui. Un bokeh tournant me fait tourner la tête, un bokeh à bulles me fascine sans préambule, les lentilles non traitées me font rêver, une grande ouverture et un sourire me fend la hure. Bref j'ai besoin de ma dose de vieilles optiques.
Bon, je poétise, je divague et je digresse, mais il faut que je vous raconte.
Depuis le début de l'année j'ai déjà acheté trois vieux cailloux sur la baie. Quand je vous dit que je suis bien atteint ! 2024 sera "vintage". Allez, je vous les présente.
D'abord, et vous l'avez découvert dans mon sujet
"les couleurs sont de retour",
l'Exaktar 55mm f1.4.
Ma plus belle découverte depuis longtemps. Je n'avais à la base pas prévu d'acquérir cet "objectif-surprise", parce que j'ai déjà du 50mm f1.4 (en monture OM, mais pas vraiment de coup de coeur à l'utilisation... Du 50 f1.2 en Pentax et du 50 f1.8 en M42 (fabuleux ce dernier))...
Exaktar ? Je ne connaissais ni la marque, ni le modèle. C'est une photo exemple postée par le vendeur qui m'a convaincu. Le bokeh avait l'air génial. Le prix n'était pas astronomique (80 roros...), j'ai dit pourquoi pas, et bien je n'en regrette pas le moindre centime.
Quel rendu de folie ! Non seulement l'objectif est en parfait état, très bien restauré à neuf, mais en plus je n'ai jamais obtenu des images avec un tel rendu et une aussi belle ambiance. Le bokeh est splendide, le piqué excellent.
Il est un peu gros et lourd mais ce que j'arrive à en tirer me font immédiatement oublier ces défauts mineurs.
Quelques jours après, je tombe sur une discussion sur internet et un groupe flickr mettant en lumière le
Zeiss Flektogon 35mm f2.8.Rendu très intéressant là aussi, ça me plait, je me mets en recherche, d'autant plus que je n'avais aucun grand-angle en M42.
Sur la bay quelques exemplaires, les écarts de prix sont assez important. Il y a beaucoup de versions différentes de cet objectif. Je me décide finalement pour une version "Zebra" pas trop chère, assez commune car produite sur dix ans entre 1965 et 1975.
L'état est assez moyen. S'il est OK côté lentilles et diaph, la bague de mise au point est quasiment inutilisable tellement elle est dure à manoeuvrer. A tel point que l'objectif, en M42, se dévisse de sa monture quand je la tourne !
Je n'ai donc pas d'autre choix que d'ouvrir pour un grand nettoyage, la vieille graisse ayant fini par coller l'hélicoïde.
Il faut une bonne dose de patience, de minutie, et surtout les bons outils. Car ces vieux Zeiss sont particulièrement compliqués, et on travaille ici à la frontière entre horlogerie et optique. Beaucoup de pièces, des ressorts vicieux qui sautent et disparaissent définitivement, des vis microscopiques. Prendre des photos à chaque étape du démontage est primordial si l'on veut tout remettre correctement à sa place à la fin. Prévoir une boite hermétique qui contiendra tous les minuscules éléments pour être rangés si on réalise l'opération en plusieurs fois.
Le jeu en vaut la chandelle ; un bon nettoyage au dégraissant et l'hélicoïde retrouve son fonctionnement initial. Je lubrifie avec à peine trois petites gouttes de graisse sur son pourtour. C'est largement suffisant !! On voit parfois des tutos où des objectifs sont très largement "sur-graissés" à coups de pinceau, et bien le remède sera pire que le mal : trop de graisse, même neuve, coincera encore plus l'hélicoïde.
L'objectif est finalement remonté (merci les photos : il ne me restait aucune pièce en trop à la fin... :p ) et essayé. La bague tourne cette fois avec une résistance tout à fait convenable, ni trop, ni trop peu. Prêt pour le service !
Il me surprends dans un domaine à priori inattendu pour un 35mm : la macro. En effet grâce à une mise au point descendant à 18cm, on peut très bien s'amuser à photographier des sujets minuscules. Le bokeh est sympa, même s'il n'est pas aussi beau que celui de l'Exaktar (et puis on n'a qu'une ouverture à 2.8 sur ce modèle).
Il est en revanche moins bon en paysage, le piqué au centre est OK mais il souffre de d'un manque de piqué et de quelques AC sur les bords.
J'aurais pu m'arrêter là, mais...
Quelques semaines après ce dernier achat, je tombe sur plusieurs discussions dans divers forums photo où l'on se déchaine avec passion au sujet du
Mir-1 37mm f2.8.
Ce dernier, né au milieu des années 50, serait une copie soviétique du Flektogon, mais avec son propre caractère et tout à fait digne d'intérêt. Ah bon ? C'est intéressant ça. Je mène l'enquête et cet objo entre immédiatement sur ma liste au Père Noël pour agrandir ma collection.
C'est un objectif qui a eu une très longue carrière, du milieu des années 50 jusqu'au début des années 90, décliné en de multiples versions et montures. Les plus courantes sont les objectifs M42 peints en noir des années 70-80. Donc autant dire qu'on le trouve assez facilement et pour un budget raisonnable.
Les premières versions sont en alu et fabriquées ainsi de 1956 jusqu'au début des années 60, avec pour certaines d'entre elles l'inscription "GRAND PRIX" Bruxelles 1958" gravée sur le fût. en effet, lors de l'Exposition universelle de Bruxelles cette année-là fûrent décernés quelques prix à une série d'objectifs photographiques, dont le Mir-1.
Et c'est justement un exemplaire de cette première série alu que je trouve en vente sur la bay pendant mes recherches. Je m'accorde quelques jours de réflexions et comparaisons entre plusieurs annonces, mais vous vous doutez bien que je ne tarde pas à craquer... Ce sera l'objectif le plus ancien de ma collection ! Et aussi le plus beau, parce que l'alu, ça claque.
L'ouverture du colis révèle les mêmes "défauts" que le Flektogon. Les lentilles sont propres, bien claires, pas de champignons et très peu de poussière. Par contre niveau mécanique c'est une autre histoire ; la bague de map est presque inutilisable et celle du diaph coince bien elle aussi. L'alu est un peu terne... Donc pas le choix, il va falloir là aussi opérer et je ressors mon outillage de photographe-horloger amateur
Le démontage est plus simple que pour le Flek' et j'atteint assez rapidement le coeur des problèmes. De la vieille graisse figée, en veux tu, en voilà ! Y'en a partout ! Je me demande bien qu'est-ce qui a pu pousser les précédents propriétaires de l'objet à en mettre autant vu ce que c'est contre-productif. C'est qu'il a dû en subir une flopée de démontages et révisions en presque 64 ans d'existence.
Un bon bain de dégraissant industriel lui font retrouver une deuxième jeunesse. Au remontage, toujours trois petites gouttes là où il faut, rien de plus. Les bagues tournent crème et sans forcer, c'est...
"Buttery smooth" comme ils disent sur les forums anglophones (j'adore cette expression !).
J'en profite également pour remettre en état les éléments du fût par polissage, et l'alu retrouve son côté "brillant/chromé" à coup d'huile de coude et de Miror.
Et en voilà un de plus de sauvé ! C'est avec impatience que je fais mes premiers essais.
Sur les premières images, la CLAQUE pour un objectif de 60 ans ! Non seulement le bokeh est plus sympa que sur le Zeiss, mais surtout l'outil a un excellent piqué ! Diaph un peu fermé, ça croustille. Très peu d'aberrations. Fantastique ! Je ne m'y attendais pas vraiment et il faut bien avouer que les Soviets ont bien travaillé sur ce coup-là : la copie est à mon goût -et sur mon exemplaire- meilleure que l'original !
Sur un PEN-F... C'est la classe...
Et bien voilà où j'en suis de ma maladie. Vous voyez, le
SACOA ça ne pardonne pas. Quel sera le prochain vieux caillou dans ma collection ? Je n'en sais rien.... J'ai déjà de tout, du 35 au 135mm. C'est terrible je vous dit. Parce que plus on en a, plus on passe de temps à choisir et donc... Moins on fait de photos. Faut vraiment que j'arrête.
Bon j'ai été assez bavard pour aujourd'hui, je vous passe la parole. Car j'espère ne pas être seul face à la maladie, ça me rassurerait un peu...
Alors, souffrez-vous, vous aussi, du
SACOA ???
Et si OUI, quels objectifs la maladie vous a-t'elle fait acquérir ?
Merci de m'avoir lu
[EDIT] Mise à jour Août 2024 [/EDIT]
Bonjour les amis,
je mets à jour ce fil car... Mauvaise nouvelle : une inattendue et terrible crise de
SACOA m'a frappé au début de l'été. Moi qui pensait passer des vacances tranquilles. Ce fût violent, j'en ai pris plein la tronche. Foutue maladie.
Enfin, mauvaise, mauvaise, je l'ai un peu cherché aussi, je l'avoue. Parce que le dernier arrivé dans ma collection, j'y pensais depuis un sacré moment. Alors certes pas "tous les matins en me rasant" comme le disais un ancien président de la république, mais j'y pensais. Rarement en vente, je ne me posais pas trop la question de le posséder un jour. Juste trop rare et trop cher. Je zyeutais les annonces sans vraiment le chercher en fait. Il était là, dans ma tête, bel objet mais inaccessible et je me disais que l'envie m'en passerai.
Et puis, un matin que je furetais du M42 sur ebay, le voilà qui apparait dans la liste des annonces fraîchement publiées. Vous savez ce qu'on dit : c'est quand on ne cherche pas qu'on trouve. Comme quoi, les proverbes... Bref, le voilà sur mon écran, et moi, la sueur qui perle au front devant la surprise et la décision que je vais rapidement devoir prendre. Car son prix est en dessous de la moyenne constatée, il est propre pour son âge, le vendeur est un professionnel basé en France et accepte les retours. Tous les feux sont au vert pour que j'y aille !
Mais je n'y vais pas.
Je n'y vais pas parce qu'il faut quand même que je réfléchisse un peu. C'est qu'il n'est pas donné non plus le bestiau ! Je laisse s'écouler quelques jours qui relèvent de la torture, car je ne peux m'empêcher de regarder les annonces chaque matin, dans la crainte qu'il ne soit vendu. J'en ai envie et j'ose pas... Il va partir, c'est sûr. Punaise, le lendemain il est toujours là, il m'attends, me regarde, m'appelle, me supplie, il faut que je me décide. Je tourne en rond au point de commencer à creuser un sillon sur le parquet de mon salon. Tant pis, je rogne sur un autre budget. Je devais me racheter des batteries de rechange, elles attendront (les chinoises que j'avais trouvées pas cher pour mon EM5.3 ont fini par gonfler voire font déconner l'appareil, donc là terminé je reprends des Olympus même si ça triple le prix...).
C'est finalement au bout d'une semaine de tourments que je clique sur ce foutu bouton d'achat. C'est une libération. Bon au pire, si j'ai fait une connerie, je le renverrai. Après tout, puisque le vendeur le propose...
Encore trois jours de souffrance dans l'attente fiévreuse de l'arrivée du colis dont j'espère, sans y croire vraiment, que la Poste prendra soin. Tout peut arriver sur les centaines de kilomètres qui me séparent de son vendeur. Habiter dans les Pyrénées, c'est être loin de tout
Fébrile, le jour J j'ouvre ma boite aux lettres, le colis est nickel, ouf, et enfin, me voici l'heureux nouveau propriétaire d'un...
Leica Summarit 5cm f1.5 de 1957Comme quoi, tout arrive... Nous sommes donc devant un objectif vissant pour Leica
"vissant", (voir ci-après) en monture L39. Le Summarit a été produit de 1949 à 1960, mon exemplaire fait donc partie des dernières années de production. L'objet est superbe, surprenant par sa taille, vraiment petit pour un f1.5, et tout aussi surprenant par son poids inattendu : il est lourd, dense, je n'imaginais pas cette masse pour un si petit objectif. La qualité de fabrication Leica y est dans doute pour quelque chose.
A part un léger dépoussiérage externe je n'ai rien à faire, les bagues tournent nickel, le diaph fait son boulot, les lentilles sont propres pour leur âge respectable de 67 ans. Il manque le bouchon avant, rien de grave. Malgré que ce soit un diamètre bien spécifique de 41mm, un bouchon chinetoque à ressorts de 40,5mm récupéré dans mon vaste bazar qui relève de la quincaillerie photographique tient très bien dessus. Le bouchon arrière fourni n'est pas d'origine non plus, c'est celui d'un Zénit tout ce qu'il y a de plus Soviétique, mais ça je m'en fous, le tout est que les lentilles soient protégées.
Ce n'est pas une faute volontaire, j'ai bien écrit 5cm et non 50mm f1.5 car c'est ainsi qu'était designée la focale des objectifs Leica à l'époque comme vous pouvez le lire sur la couronne frontale. Pourquoi en cm et non pas en mm, ça en revanche je n'en sais rien... Une coquetterie de Wetzlar ? Si vous avez la réponse, je vous invite à compléter ce fil !
Via une bague d'adaptation L39-µ4/3 il est aussitôt monté sur mon PEN-F, lequel sera ravi de se voir visser une si prestigieuse lentille. C'est la première fois que je touche du doigt un objet de la marque à la pastille rouge, le moment est solennel.
L'ensemble est à mon goût juste magnifique et donne immédiatement envie de photographier...Comment pourrait-il en être autrement ?
Voici donc une petite sélection d'images variées faites avec, vous verrez que le Summarit s'adapte à presque tout !
Il est un peu mou à pleine ouverture, il y a parois du flare, mais c'est tout ce qui fait le charme de ces optiques d'un autre temps !....
Des fleurs...
Des animaux...
Des cavaliers
Un peu de tout !...
Nico Wayne Toussaint à Marciac 2024
Piano en plein air, Marciac 2024 toujours
Le carrousel du Jardin Massey à l'arrêt
(
https://www.forumlumix.com/t179645-le-manege-a-sensations-du-jardin-massey)
Marciac encore
Des abribus
Voilà voilà, une sacré crise de SACOA vous voyez, mais j'avoue, dans ce cas précis je suis content d'être malade
[EDIT] Mise à jour Novembre 2024 [/EDIT]
« L’objectif de l’espace »
Bonjour à tous,
Mise à jour du fil « SACOA » pour vous présenter le nouvel arrivant dans ma collection, le Père Noël étant passé avant l’heure !
Si l’on vous demande dans quels pays sont majoritairement produits nos objectifs, vous allez penser au Japon, voire au Vietnam avec Canikon, Sony, Olympus ou Panasonic... à l’Allemagne avec Leica et Zeiss... Mais certainement pas à la France. La
France ? Des objectifs ? M’enfin !?
Et pourtant ! C’est bien chez nous que fût fabriqué
l’Angénieux 25mm f0.95 M1 qui a fraîchement rejoint ma besace.
Des objectifs avec écrit « Made In France » dessus, vous n’en croiserez pas tous les matins...
Angénieux a été fondée en 1935, du nom de son fondateur Pierre Angénieux (ci-dessous) et existe toujours, produisant des optiques destinées au cinéma.
Le 25mm f0.95 qui nous intéresse aujourd’hui est un objectif en monture C qui a été développé en 1953 et est à la base un objectif pour caméra 16mm, ce genre de choses :
Coupe du 25 f0.95 :
Comme notre capteur micro 4/3 fait 17,3mm, il en résulte un léger vignettage qu’il faudra éliminer en post-traitement par recadrage, mais rien de rédhibitoire, on cadrera de manière plus large à la prise de vue afin de prévoir cette coupure des bords.
Il est donc très compact pour un 25mm f0.95 ; rappelons que c’est la focale « normale » dans notre format micro 4/3, au cadrage équivalent à un 50mm en 24X36.
Voici un comparatif de taille entre les trois f0.95 que je possède, l’Angénieux, le Mitakon et le Voigtlander Nokton 25mm f0.95.
Je ne me sert presque plus du Mitakon dont je trouve son rendu pas terrible même si je l’aimais bien au début ; le Nokton est un de mes objectifs favoris car sa qualité d’image est absolument exceptionnelle, mais il a le défaut de son poids et de son volume, ce qui le contraint à être utilité plutôt sur l’EM-5 que sur le PEN-F sur lequel il est moins confortable à manipuler. En revanche l’Angénieux est vraiment taillé pour le PEN-F !
Deux petits problèmes à relever tout de même – mais c’est un détail ! – Le premier est que sur les divers adaptateurs C-µ4/3 que je possède, aucun ne fait tomber l’objectif « juste » une fois vissé à fond, c’est-à-dire que le repère de mise au point et d’ouverture qui est habituellement vers le dessus de l’appareil tombe alors sur le côté voire en dessous. Bon je ne peux rien y faire (si je dévisse pour que ça tombe bien et que j’intercale une cale alors je perds l’infini...) donc je tourne le boitier quand je veux m’assurer de l’ouverture choisie...
... En même temps je l’utilise surtout à f0.95 ou alors à f8 donc bon, ce n’est pas catastrophique !
Un autre point discutable est la « lenteur » de la mise au point induite par une bague de map qui est très proche de la base de l’objectif, ce qui la rend est assez inconfortable à manipuler, il faut y aller du bout des doigts et ne pas avoir ces derniers trop gros !
.
Mais c’est encore un point mineur pour cette optique d’exception qui n’est pas destinée à être utilisée tous les jours !
Un peu d’histoire
De la conception à la fabrication jusqu’au contrôle, voici en quatre photos comment on travaillait chez Angénieux dans les années 50... Pas d’ordinateur bien sûr, tout à la table à dessin et assemblage à la main ! Et combien de merveilles sont sorties d’entre ces têtes bien remplies et cette armée de mains habiles.
Conception et ingéniérieFabricationAssemblage et contrôleTest à la mireAngénieux est surtout connu pour ses optiques conçues pour le cinéma, mais l’entreprise a également produit de très beaux objectifs photos, à l’image de ce qu’on peut voir dans cette somptueuse vitrine
(non, non, elle n’est pas dans mon salon ... )
Pub 1955Le 25mm f0.95 M1 est un objectif assez rare dont la côte peut atteindre des sommets. J’ai eu un coup de chance énorme cette fois-ci et j’ai trouvé le mien, qui est dans un état quasi-neuf, au prix auquel s’échangent habituellement des exemplaires portant les lourds stigmates d’un long vécu, souvent cabossés et champignonnés.
Il est d’autant plus coté que le 25mm M1 a réalisé les premières photos rapprochées de la Lune il y a 60 ans, en prélude des Missions Apollo ! Rien que ça... Et maintenant vous comprenez le titre de cet article !
Comment donc le 25mm s’est-il retrouvé dans les étoiles ?Grâce à la NASA pardi
Les sondes spatiales « Ranger » utilisées par la NASA dans ce projet du début des années 60 étaient conçues pour prendre des images de la Lune, et les transmettre à la terre jusqu’à ce que la navette soit détruite lors de son impact avec la surface lunaire. Une série d’incidents ont conduit à l’échec des six premiers vols.
Enfin, Ranger 7 fut la première mission spatiale à transmettre à la Terre avec succès des images de la lune. Lancée le 28 juillet, la sonde atteint la Lune trois jours plus tard , le 31 juillet 1964.
L’engin avait à son bord six caméras, installées selon deux chaînes séparées, chacune contenant ses propres alimentations, horloges, et émetteurs pour augmenter la fiabilité et la probabilité d’obtenir des images de qualité.
Voici le système de captation de Ranger7.Les trois caméras positionnées sur le rang du bas étaient montées avec l’objectif 25 mm f:0,95 d’Angénieux et destinées aux prises de vues grand angle dans des logements spécialement modifiés, alors que les trois caméras du haut étaient équipées d’optiques 76 mm f:2 destinées aux prises de vues serrées.
Ranger 7 a pu transmettre des photos jusqu’à son impact sur le sol lunaire. La mission a rapporté de nombreux clichés de la Lune d’excellente qualité.
Et voici la première photo transmise par Ranger7 au travers du 25mm f095 !
https://fr.wikipedia.org/wiki/Ranger_7
Mais revenons sur Terre en compagnie de mon exemplaire qui n’est certainement pas allé dans l’espace, j’en veux pour preuve son excellent état et... heu... Sa simple présence ici
Les lentilles et le diaph sont en parfait état, seule la bague de mise au point est un peu dure à mon goût. Je me contenterai donc d’un nettoyage de cette dernière, comme d’habitude surchargée de vieille graisse.
Le problème avec les objectifs rares, c’est que la documentation l’est tout autant. Alors quand je cherche un peu d’infos sur le démontage de l’engin : rien ! Un peu désespéré, car je me refuse à opérer sans la documentation ad hoc, je finis finalement par tomber sur ce site où quelques photos vont me guider pour le démontage :
https://www.lensrentals.com/blog/2015/06/the-space-lens-mystery-screw/?srsltid=AfmBOorW0-syZDX9u7T46inJ6eWqPHZWgSMXOgm89RV5CFRfIA351XUq
Mon exemplaire est doté de son pare-soleil d’origine venant se visser sur le fût, mais je ne l’utilise pas étant donné qu’il ajouterait encore plus de vignettage. Le filetage est au pas standard en diamètre 39mm.
La documentation peu courante sur ce caillou ne m’a pas permis de dater précisément mon exmplaire à l’aide de son numéro de série. Toutefois, au regard des quelques informations que j’ai pu me procurer, j’estime qu’il a dû être fabriqué vers la fin des années 60.
Et avec tout ça, on obtient quoi ?Et bien on obtient ceci, voici quelques photos-tests, la majorité prises dans mon jardin (rosiers, hortensias...) et d'autres en balade . Le bokeh est nerveux et "vintage" comme j'aime, et en fermant le diaph' l'outil pique fort !
Les deux bémols sont le vignettage et une distortion à corriger impérativement en cas de photo d'architecture, car si l'on n'y fait pas attention sur la plupart des sujets, la présence de lignes droites souligne sans vergogne ce défaut.
Vous êtes arrivé jusqu'ici ?
Merci d'avoir longuement lu et supporté cette nouvelle et épouvantable crise de SACOA